Droit de réponse à un article de Charlie Hebdo

Soumis par Marie Peltier le jeu 24/08/2023 - 11:18
Marie Peltier complotisme harcèlement

À la rédaction de Charlie Hebdo,

 

Suite à la parution de l'article évoquant ma personne dans votre dernier numéro, je tiens à apporter plusieurs rectifications et éclaircissements.

 

  1. Réserve de communication : J'ai fait part à la journaliste qui m’a contactée, ainsi qu'à votre rédaction, de mon choix de ne pas m'exprimer publiquement à ce stade sur le fond de cette affaire. J'estime que tout article, dans ce contexte particulier, contribue à relancer le cycle du harcèlement auquel je suis confrontée. Mon intention est de réserver mes réactions au cadre judiciaire. J'espérais que votre journal serait attentif à ne pas se laisser instrumentaliser, m'obligeant ainsi, contre ma volonté, à rétablir certains faits.

 

  1. Définition de « procédure-bâillon » : Une procédure-bâillon est une action en justice engagée dans le but d'entraver la liberté d'expression, souvent en intimidant ou en épuisant financièrement la partie adverse. En ce qui me concerne, j'ai initié des actions en justice à la suite de mois de harcèlement intensif, cherchant avant tout à protéger mon intégrité et ma tranquillité. Mon recours à la justice ne vise pas à étouffer un débat légitime d'opinions, mais à mettre fin à une situation insoutenable. L'assimilation de mes démarches judiciaires à des procédures-bâillons est non seulement inexacte, mais aussi injustifiée. Elle vise à m’assimiler aux complotistes et propagandistes adeptes de ce genre de pratiques, dans une dynamique de discrédit.

 

  1. Changement de narratif : Dans cette affaire, il est manifeste que le narratif à mon encontre évolue constamment. De remise en question de « mon expertise » à des allégations de « procédures-bâillons », en passant par des accusations d'être moi-même une « harceleuse », ces attaques semblent moins chercher la vérité que des angles nouveaux pour me discréditer.

 

  1. Inversions accusatoires : Concernant le prétendu « harcèlement » dont je serais coupable, je tiens à clarifier deux points : 1) Je n'avais pas connaissance de l'existence de l'une des deux femmes citées jusqu’il y a peu, je ne l'ai jamais contactée et n’ai jamais été contactée par ses soins. Je remarque que, dans la foulée de votre article, on me reproche tantôt de la « harceler », tantôt de « l'ignorer ». Je m'interroge aussi sur une possible instrumentalisation par certains de la parole d'une femme qui semble en grande souffrance pour attaquer et discréditer tantôt mon expertise, tantôt mon féminisme. 2) Quant à la seconde, elle s'est révélée être l'une des plus actives dans la campagne de dénigrement me visant depuis novembre 2022, une campagne qui dépasse largement les limites de Twitter. Je constate par ailleurs qu'elle assume désormais dans vos colonnes être à l'origine du blog prétendant « débunker » La Fabrique du Mensonge sur l'affaire Heard/Depp. Tous ces éléments seront portés à la connaissance de la Justice et ne seront pas réglés en ligne.

 

  1. Terminologie : L'article évoque une prétendue « guerre entre factcheckers ». Pour être claire, je ne suis pas une factcheckeuse et porte précisément un regard critique sur cette pratique. Peut-être une piste de mise en perspective des attaques qui me visent ?

 

  1. D'autres inexactitudes : Bien que cet article comporte d'autres erreurs et omissions, je me contenterai de souligner l'un des points qui me paraît le plus crucial : le caractère idéologique sous-jacent à ces attaques. Au-delà de la remise en question de mon engagement féministe et de ma parole critique envers le factchecking et la "lutte contre la désinformation", il semble évident que cela participe du discrédit de mes positions au long cours à l'égard de certaines sphères néo-laïques.

 

J'espère que cette mise au point sera considérée avec le sérieux qu'elle mérite, et qu'elle contribuera à rétablir une perspective plus factuelle de cette affaire.

 

En attendant, je réitère ma demande exprimée au long cours : Je voudrais pouvoir vivre sereinement la fin de ma grossesse et ne plus être prisonnière d’un « feuilleton » dont certains s’évertuent sans cesse à imaginer de nouveaux épisodes. 

 

Cordialement,

Marie Peltier